Parfums dupes : le vrai faux luxe à portée de flacon
Publié le par Marina Parmentier
Phénomène viral porté par les réseaux sociaux et les nouvelles attentes générationnelles, les parfums dits "dupes" – ces copies assumées des grands jus de la parfumerie – s’imposent dans le paysage olfactif contemporain. Mais à trop vouloir ressembler au luxe, que sacrifie-t-on ?
Entre désir d’accessibilité et illusion sensorielle, décryptage d’un engouement aux frontières floues.
Les dupes : réponse rapide à un luxe perçu comme figé
Zara, Notino, Dossier… Ces enseignes se sont spécialisées dans la duplication de fragrances emblématiques à prix cassé. En miroir, les jeunes générations multiplient les parfums comme autant de pièces de garde-robe. Porter une senteur différente selon sa tenue, son humeur ou sa saison : une approche "mood-based" de plus en plus fréquente.
Face à une parfumerie de luxe souvent perçue comme élitiste, les dupes offrent une immédiateté et une pluralité séduisantes. Mais ce luxe rapide tient-il vraiment ses promesses ?
Qualité et sécurité : les angles morts de la copie
Créer un parfum d’exception prend du temps.
Le dernier opus d’Hermès, Barenia, a nécessité plus de 10 ans de développement. Derrière chaque flacon : sourcing rigoureux, formulation de haute précision, tests dermatologiques, narration cohérente, investissement marketing important.
À l’inverse, les dupes condensent le processus : formulations simplifiées, ingrédients parfois controversés (phtalates, parabènes), tests absents ou limités. Résultat ? Des parfums à la tenue incertaine… et des risques sanitaires non négligeables : allergies cutanées, migraines olfactives, voire réactions respiratoires.
Une étude du CNRS a même mis en lumière la présence de substances interdites dans certains produits en ligne. La copie a ses dangers.
Ce qu’on ne peut dupliquer : l’émotion
Un parfum n’est pas qu’un accord moléculaire : c’est une empreinte. Un lien intime avec soi, avec les autres. Un souvenir transmis, un rite d’initiation, une signature. Copier la composition ne revient pas à reproduire l’expérience. Le sillage d’un parfum de niche, le poids d’un flacon sculptural, l’histoire racontée dans une boutique confidentielle… autant d’éléments qui forgent la valeur réelle du luxe.
Vers une réponse stratégique du secteur ?
Face à l’engouement pour les dupes, la parfumerie de luxe a une carte à jouer : pédagogie, innovation, transmission. Ateliers olfactifs immersifs, formats nomades pour varier les usages, storytelling plus incarné autour des matières premières… Le consommateur n’a jamais autant voulu comprendre ce qu’il porte.
Et si le luxe reprenait la parole, non pour défendre son statut, mais pour révéler la richesse de ses gestes ?
Le mot de la fin :
À une époque où le luxe s’achète sur TikTok, il est urgent de réaffirmer qu’un parfum ne se choisit pas pour son prix, mais pour la trace qu’il laisse.