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« Nous assistons à une réorientation des priorités des consommateurs » Karen Vernet, Anne Merveilleux, Printemps.

Publié le par Journal du Luxe

Quelques semaines après l'ouverture du 7ème ciel, l'espace du Printemps Haussmann dédié à la circularité, entretien croisé avec Karen Vernet, Directrice Générale de l'Offre Printemps Group et Anne Merveilleux, Directrice des Ventes Mode Femme du Printemps Haussmann.

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Quel est le concept du 7ème ciel ? Annonce t-il une évolution dans le positionnement du Printemps ?

Le concept du 7e Ciel s'inscrit dans la continuité de notre démarche est éco-responsable. Il y a près de 5 ans, nous avons mis en place 34 chantiers fonctionnels : livraisons plus durables, valorisation des déchets… Une fois ces chantiers terminés, il nous a semblé intéressant d’aller plus loin, notamment auprès de nos clients. Nous avons alors créé le label "Unis vers le beau responsable" et ouvert le 7ème Ciel, un espace dédié à notre offre circulaire qui mêle nouvelles marques éco-responsables et pièces vintage luxe et accessibles. Au sein de cet étage, chaque article est mis en avant, regardé et valorisé par des connaisseurs passionnés. La transmission est une notion au coeur des maisons de luxe et du développement durable.

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Quelle est la raison d’être du Printemps en 2021 ?

Elle n’est pas si différente qu’il y a quelques années... Nous nous adaptons à l’air du temps en essayant également de le devancer. Lorsque le Printemps a voulu ouvrir une section Homme, les études ne prédisaient aucun marché pour la mode masculine. Nous croyons en nos convictions et, actuellement, celles-ci sont liées au développement durable.

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Quel est le public visé par le 7ème ciel ?

Nous souhaitons toucher toutes les cibles. Cette idée est ancrée dans l’histoire du Printemps et explique notre manière très éclectique de sélectionner l’offre. Sous la coupole, nous pouvons retrouver de l’homme, de l’enfant, de la femme ou encore de la décoration intérieure. Le 7ème Ciel est un lieu de destination et beaucoup viennent pour découvrir l'endroit avant, potentiellement, de se laisser séduire par une pièce. On y croise des fashionistas en quête d'un article bien spécifique, comme par exemple une pièce du défilé Saint Laurent des années 70, mais aussi des personnes qui vont se laisser tenter par des produits plus accessibles.

Si l'espace rassemble des visiteurs d'âges et de CSP variés, nous avons cependant observé que les jeunes, qui ont été très marqués par la crise de la Covid-19, sont particulièrement sensibles au sujet du développement durable. Cette GenZ, moteur des tendances éco-responsables, est férue de consommation raisonnée, d'upcycling ou encore de recyclage. Cette quête de sens permanente, doublée d'une prise de conscience, traduit une réelle volonté d'avoir un impact positif pour le futur. 

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Positionnement des Galeries Lafayette versus ouverture du 7ème ciel : la "guerre" de la rue Haussmann est-elle repartie ?

La concurrence rue Haussmann a toujours été présente mais reste saine dans la mesure où la façon d’aborder les sujets est bien différente. La période post-Covid a fait mûrir le sujet de la circularité et du développement durable et c’est pour cette raison que nous avons choisi de le traiter à ce moment précis. Nous ne sommes pas les premiers à avoir pensé au vintage mais nous avons décidé d’utiliser l’héritage architectural du magasin, l’une de nos plus grandes forces, pour aborder ce thème. Notre espace dédié au vintage luxe et créateurs se situe ainsi sur le Pont d’argent qui, dès les années 20, a accueilli de nombreux défilés, dont les créations de Paul Poiret et de Pierre Cardin. L’histoire de la mode est marquée en ce lieu. La coupole restaurée, met également en valeur l'offre autour de l'économie circulaire. Nous ne voulions pas donner une image poussiéreuse au vintage et de l'économie circulaire. C’est pour cela que nous avons choisi de valoriser les produits dans un écrin qui nous appartient. C’est ça l’oeil du Printemps.

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Quelles sont les attentes du client du Printemps dans le monde post-Covid ?

Les attentes du consommateur sont multiples. On remarque par exemple une évolution significative vers un marché du confort : le temps passé à la maison étant de plus en plus conséquent, les ventes du loungewear ont énormément progressé, tout comme celles de la décoration d'intérieur. De plus, le fait d’être confiné a amené la population à nourrir une inquiétude grandissante vis-à-vis du futur, développant une peur de sur-dépenser. Restaurants, voyages, habillement : il faut choisir. C’est donc à ce moment précis que se pose la question de la réinvention vestimentaire. Globalement, nous assistons à une réorientation des priorités.

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