Exclusif

“La résilience est un processus, et non un état”- Sandrine Conseiller.

Publié le par Journal du Luxe

Comment une marque dotée de valeurs fortes comme Aigle a t-elle abordé et vécu la crise ? Sandrine Conseiller, CEO de la griffe, revient sur la place du collaboratif, du made in France et de la résilience dans un témoignage inédit à retrouver, en vidéo, sur la plateforme de l’édition online du Salon du Luxe 2020. En exclusivité, le Journal du Luxe vous en dévoile quelques extraits.

Journal du Luxe : Quelle est votre définition de la résilience ?

Sandrine Conseiller : Pour moi, c’est la même définition que l’on peut utiliser en psychologie, voire même en physique, à savoir la capacité à se remettre en marche après un choc. C’est une question qui nous préoccupe tous, aujourd’hui. Chez Aigle, cela a commencé bien avant la crise, pendant et après. Auparavant, nous étions déjà portés par une vision collective selon laquelle il est possible de développer un business dans la mode tout en étant respectueux du monde qui nous entoure. Pendant la crise, notre gestion a, là encore, été très collaborative. Nous avons la chance d’avoir un business très international et nos équipes en Asie ont subi la crise dès le début du Nouvel An chinois. Nous étions donc en avance de phase et avons pu, d’une certaine manière, “bénéficier” de leur expérience grâce à de nombreux échanges. Dans la foulée, nous nous sommes inscrits dans la communauté avec de nombreuses actions solidaires. Par exemple, nous avons lancé la fabrication de masques de protection dans notre manufacture alors qu’à la base nous sommes plutôt des bottiers ! Cette situation était absolument inédite pour nos équipes qui ont fait preuve d’une belle réactivité mais aussi de solidarité pour distribuer ces masques dans les établissements hospitaliers qui en avaient besoin autour de la manufacture (…) Tout du long, il y a eu un fort maintien du lien – même virtuel, même au-delà des mers – entre les collaborateurs.

L’ensemble de ces éléments fait que l’on est sorti de la crise – parlons d’après-crise – avec des équipes presques plus soudées, plus unies autour des valeurs qui sont les nôtres : la sincérité, l’engagement de liberté, et cette idée selon laquelle il est possible d’impacter le monde positivement, une vision qui nous semble encore plus pertinente qu’elle ne l’était déjà avant la crise. La résilience, chez Aigle, c’est créer la capacité à se mettre en résilience. C’est avant tout un processus, et non un état.

JDL : Depuis la crise des masques, le consommateur semble devenir « souverainiste », il réclame la relocalisation des usines. Cela va t-il renforcer la désirabilité du « made in France » ?

S.C : La question du made in France est intéressante car on peut la traiter en deux parties. De prime abord, les études s’accordent à dire que les consommateurs ont davantage envie de made in France, de local, au sortir de la crise. Mais le made in France c’est aussi un vrai savoir-faire ancestral, un gage de qualité : on sent un plébiscite qui n’existait pas aussi fortement avant cette crise. En même temps, il serait naïf de penser que le made in France va à lui seul suffire à créer de la désirabilité autour des produits ! C’est un gage supplémentaire de qualité mais qui ne suffit pas à inciter à l’achat si le produit en lui même n’est pas désirable.

Le deuxième point est le fait qu’aujourd’hui le made in France ne fait pas du tout rêver les jeunes, les 18/25 ans. C’est d’ailleurs un thème sur lequel nous avons travaillé avec la Paris School of Luxury. Il est donc de notre responsabilité, nous les acteurs du made in France et de la mode, de savoir parler aux jeunes sur ce sujet et de le rendre plus désirable pour l’ensemble des Français. Et là, on pourra potentialiser ce désir avec des produits que tout le monde a envie de porter.

Management et culture de crise, la relation au temps, la communication sur le prix en période de consommation frugale… Retrouvez l’intégralité de l’intervention vidéo de Sandrine Conseiller sur la nouvelle plateforme digitale du Salon du Luxe Paris 2020.

par Journal du Luxe