Chronique

Luxe : les raisons d’espérer

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Découvrez les chroniques régulières d’Erwan Rambourg, analyste de référence du secteur du luxe. Fort de son expérience chez HSBC, LVMH et Richemont, il partage chaque mois son regard affûté sur les grandes mutations de l’industrie.

Sans vouloir être défaitiste, il est assez évident qu’après une fin 2024 où je voyais un bel alignement des planètes pour le luxe, nous nous rapprochons désormais d’une forme de chaos astral…

  • Le dollar américain presque à parité avec l’euro courant janvier 2025 est désormais 10 % plus faible, un casse-tête pour un secteur qui produit essentiellement en zone euro et vend à travers le monde, mais aussi un frein pour les dépenses des touristes américains qui voient leur "purchasing power" diminuer lorsqu’ils voyagent. "Emily in Paris" ? Peut-être plus pour longtemps…

  • Le marché des actions en berne suite à un regain de volatilité et d’incertitude macro-économique et géopolitique.

  • La confiance du consommateur sous pression partout dans le monde, mais affectant encore plus les deux moteurs de croissance du luxe : la Chine et les États-Unis.

Alors, pourquoi y a-t-il des raisons d’espérer malgré les mauvaises nouvelles sur ce que le secteur ne peut pas contrôler, mais aussi suite à des erreurs tactiques (prix trop élevés, manque d’innovation, transitions managériales pénibles) qui ne font qu’empirer les choses ?

Premièrement, le luxe est corrélé à la nature humaine : la volonté de faire partie du club, de réussir et de le montrer, et je ne prendrai pas un pari contre la nature humaine.

  • Deuxièmement, les périodes de doute génèrent le plus souvent une grande créativité. Même si le secteur au global devrait souffrir en 2025 à quelques exceptions près, le retour de l’innovation et une refonte des architectures de prix vers de meilleures "value propositions" pourraient accompagner un rebond dès l’année prochaine.

  • Enfin, il est important de garder en tête que le luxe, il y a 20 ans, était essentiellement un secteur européen avec une grande dépendance sur la clientèle japonaise. Avant le COVID, la plupart des investisseurs percevaient le secteur comme un investissement surtout adossé au recrutement d’une clientèle chinoise.

Aujourd’hui, le luxe est global, culturel et dépendant de la création de richesse, quelle que soit la nationalité des cibles de clientèle. Autrement dit, le secteur n’a pas fini de recruter même si, à court terme, il faut être patient.

Erwan Rambourg, Global Head of Consumer & Retail Research, ainsi qu’analyste de premier plan spécialisé dans les secteurs du luxe et des articles de sport. Il a rejoint HSBC en 2005 après avoir travaillé pendant huit ans en tant que responsable marketing dans l’industrie du luxe, notamment chez Richemont et LVMH. Il est régulièrement cité dans le Wall Street Journal et le Financial Times, et intervient sur CNBC et Bloomberg. Il est l’auteur de Future Luxe – What’s Ahead for the Business of Luxury (2020) et de The Bling Dynasty – Why the Reign of Chinese Luxury Shoppers Has Only Just Begun (2014).

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