
Le cuir de plusieurs grandes maisons de luxe lié à la déforestation illégale selon Earthsight
Publié le par Anaïs Clavell
L’ONG britannique Earthsight accuse plusieurs marques de luxe d’utiliser du cuir issu de zones illégalement déboisées en Amazonie, via des tanneries italiennes. Sont concernées plusieurs grandes maisons, dont Coach.
Coach, Fendi, Gucci, Balenciaga et Saint Laurent cités dans le rapport Earthsight
D’où vient le cuir des marques de luxe ? D’après un rapport publié cette semaine par l’ONG britannique Earthsight, certaines peaux transformées en Italie dans des tanneries réputées comme Faeda ou Conceria Cristina proviendraient d’élevages situés dans des zones protégées de l’Amazonie brésilienne, plus précisément dans la région du Para.
"Presque tout le cuir exporté du Para vers l'Europe est destiné à l'Italie, y compris les peaux provenant de l'abattoir suspect. Une grande partie est acheminée à deux tanneries de la région de Vénétie, Conceria Cristina et Faeda, où le cuir est transformé et rebaptisé cuir italien", explique l'ONG.
Parmi les bénéficiaires, des marques premium comme Coach, Fendi, Gucci, Balenciaga et Saint Laurent sont citées. La maison Coach, en particulier, est fortement exposée selon l’association, qui dit ne pas avoir reçu de réponse claire de la part de la marque. Pour se défendre, Chanel affirme avoir rompu ses relations commerciales avec l’une des tanneries dès 2024, tandis que Fendi et Hugo Boss ont lancé des enquêtes internes.
Les deux tanneries mentionnées par Earthsight sont pourtant certifiées par le Leather Working Group (LWG), un label très répandu dans l’industrie du cuir. Or, cette certification ne garantit pas l’origine du cuir au-delà de l’abattoir, explique l'ONG. Ce maillon manquant dans la chaîne de traçabilité permettrait à du cuir issu de zones illégalement déboisées d’entrer dans les circuits européens sans contrôle réel.
Alors que la réglementation européenne sur les produits liés à la déforestation (EUDR) doit entrer en vigueur fin 2025, le secteur du luxe pourrait être contraint de revoir ses pratiques. Earthsight appelle à un renforcement immédiat de la traçabilité, au risque pour les marques de voir leur image entachée.
Pour les grandes maisons du luxe, l’enjeu dépasse en effet la conformité réglementaire : il touche à la maîtrise de leur chaîne d’approvisionnement, à leur crédibilité en matière de responsabilité environnementale et à la préservation de leur image de marque.
