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« Nous avions une collection complète à planifier... et à planter ! » Paula Ulargui, créatrice.

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Paula Ulargui est une jeune créatrice de mode engagée. Ayant récemment collaboré avec la maison Loewe, ses réalisations incorporent des graines, des plantes, des biomatériaux et des organismes vivants dans les vêtements. Fervente militante des droits de la nature, Paula Ulargui nous livre dans une interview exclusive son rapport avec la mode responsable. 

Journal du Luxe

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Comment êtes-vous arrivée à expérimenter la bio-production ?

Paula Ulargui

J'ai étudié le design de mode et la communication à Madrid et à Milan où j'ai consacré les trois dernières années de mon cursus à l'étude de la mode durable. Mon objectif principal était de l'améliorer et de la faire évoluer. J'ai commencé par enquêter sur les techniques anciennes de fabrication de vêtements jusqu'à ce que je m'intéresse au processus de fabrication du tissu en lui-même qui est le procédé le plus nocif pour la planète dans le secteur de la mode. Je me suis concentrée sur la création de pièces ou de matériaux qui pourraient avoir un impact plus faible. J'ai commencé par créer des échantillons de vêtements en bioplastique pour la Haute Couture, jusqu'à mon projet de fin d'études qui a suscité l'intérêt de Loewe. L'objectif était de communiquer sur l'importance de reconnecter l'humain avec la nature afin de comprendre comment elle pousse, comment elle fonctionne et comment en prendre soin.

Journal du Luxe

Quel bilan tirez-vous de votre expérience de travail avec Jonathan Anderson pour Loewe ?

Paula Ulargui

Travailler avec Jonathan Anderson, le directeur artistique de Loewe, a été une expérience extraordinaire, principalement grâce à sa formidable équipe. Ils ont été très attentifs. Malgré le défi que pouvait représenter ce projet, il a été relativement facile à gérer : nous avions une collection complète à planifier et à planter ! Il y avait tellement d'exigences et d'impératifs dans ce projet mais petit à petit, nous nous sommes lancés et le résultat a dépassé mes attentes. 

Journal du Luxe

Il existe plusieurs interprétations possibles à vos créations. Certains voient une réconciliation entre l’humain et le reste du vivant, d’autres pensent qu’il s’agit de la nature qui reprend ses droits. Quel est le message que vous souhaitez passer ?

Paula Ulargui

Je pense qu'il s'agit un peu des deux. Il est vrai que l'idée de mon projet est née lorsque j'ai assisté à une conférence sur l'anthropocène, une période où les humains ont commencé à croire que la planète leur appartenait et qu'ils pouvaient en faire ce qu'ils voulaient. Nous avons changé les rythmes naturels de tous les êtres et le rythme de fonctionnement de la nature : c'est principalement la raison pour laquelle nous traversons cette énorme crise climatique. Mon objectif principal serait d'assister à une réconciliation entre les humains et le reste du monde vivant mais le but serait que la nature reprenne effectivement ses droits. 

Journal du Luxe

Combien de temps peuvent « vivre » vos vêtements bio-conçus ? Est-il envisageable de les commercialiser au grand public dans le futur ?

Paula Ulargui

J’ai réussi à laisser vivre mes pièces pendant plus de deux mois, ce qui relève du défi dans la mesure où ce sont de jeunes pousses qui ont besoin de beaucoup de soins. Tous les petits détails, de la température à la météo, peuvent endommager la plante. En ce moment, j'expérimente différentes techniques pour réussir à les faire vivre plus longtemps mais jamais dans le but de les commercialiser. Je ne souhaite pas que ces pièces se retrouvent sur le marché, je pense que c'est un concept qui doit rester tel quel. Nous devons respecter la nature ; si nous la changeons et produisons à haute échelle, nous ne le faisons pas. L'idée derrière ces créations est de diffuser un message haut et fort. 

Journal du Luxe

Comment imaginez-vous le futur de la mode responsable ?

Paula Ulargui

Je pense que le futur de la mode responsable va être impressionnant. Nous travaillons déjà très dur pour le changer. Il est vrai que le sujet est complexe, il y a tellement de paramètres de durabilité... Mais le monde est en train de changer positivement, nous commençons à voir naître des concepts plus durables dans la mode et dans tous les autres secteurs. J’espère simplement que les consommateurs seront les premiers à pousser et à soutenir ces changements. Les marques ressentent la pression de la société et la réalité est que nous ne pouvons pas rester en l'état plus longtemps. 

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