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« Le naturel, c’est pour moi le plus grand luxe » David Lucas, coiffeur VIP

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Paris, rue Danielle-Casanova. Un matin d’automne.
Dans un salon baigné de lumière, parquet en chevron et fauteuils japonais enveloppants, David Lucas nous reçoit comme à la maison. Et pour cause : ici, pas de réception, pas de standard. Seulement une voix chaleureuse, un sourire, un thé, une ambiance feutrée. L’expérience commence avant la coiffure. Rencontre avec un artisan du beau pour qui chaque détail compte.

Et si le luxe, aujourd’hui, ne résidait plus dans l’apparat mais dans l’attention sincère, dans l’écoute subtile, dans le geste juste ? David Lucasréinvente le salon de coiffure en maison d’exception, à mi-chemin entre le soin, la confidence et l’art capillaire. Ni chaîne, ni concept : un lieu sensible, pensé comme une rencontre. Inspiré par le Japon, David instaure une esthétique naturelle, trace le sillage d’un artisan contemporain, fidèle à trois principes : accueillir, apaiser, sublimer. Discret mais incontournable, il coiffe depuis des années les femmes les plus admirées – Florence Foresti, Karine Le Marchand, Agathe Lecaron, Estelle Lefébure, Michèle Laroque… – toutes séduites par cette élégance silencieuse et cette attention rare.

Alexis de Prevoisin

Quels sont les choix fondateurs de l’aventure de votre marque éponyme ?

David Lucas

J’ai démarré la coiffure sur le bassin d’Arcachon mais très vite je suis monté à Paris pour vraiment débuter, au sein des équipes René Furterer. C’est là que j’ai appris la rigueur, la science du cuir chevelu, l’importance du soin. Puis j’ai voulu créer ma propre signature, et un lieu qui me ressemble. Loin des standards du marché, j’ai conçu un "salon-appartement" pour accueillir mes clients comme des invités. C’était un pari audacieux en 2010. J’ai choisi de créer une maison de coiffure à taille humaine, centrée sur l’écoute et l’attention.

Alexis de Prevoisin

Quel est votre style de beauté ?

David Lucas

Le naturel, toujours. Je ne fais pas de mode, je fais du sur-mesure. Je veux sublimer par la couleur sans transformer. Une coupe réussie, c’est une coupe qui vit avec la personne, qui suit son rythme, son visage, sa personnalité. Nous sommes des architectes d’une géométrie de l’espace… avec des cheveux ! Et tout est unique, surtout pas en catalogue. La couleur ? Elle doit être invisible, comme un souffle de lumière. Je refuse les artifices. Le naturel, c’est pour moi le plus grand luxe.

Alexis de Prevoisin

En quoi le Japon a-t-il influencé votre approche ?

David Lucas

Le Japon m’a ouvert à une autre temporalité, une autre vision de la beauté. Là-bas, chaque geste a du sens, chaque soin est un rituel. Ma rencontre avec madame Tomomi Sato a été décisive. Elle m’a transmis une vision sensible du cheveu comme matière vivante, presque spirituelle. C’est de cette culture qu’est né mon Head Spa : un soin du cuir chevelu inspiré des techniques nippones, réalisé dans des fauteuils et des bacs à shampooing venus directement du Japon, conçus pour épouser le corps, relâcher les tensions, favoriser la relaxation. Ce n’est pas qu’un soin, c’est un reset. On en sort allégé, recentré. Cette philosophie a infusé tout mon travail : lenteur, précision, respect du vivant.

Alexis de Prevoisin

Les lieux – en appartement – sont un point clé de votre concept ?

David Lucas

Absolument. Je ne voulais pas d’un salon anonyme. Je voulais une expérience intime. Un lieu haussmannien à Paris, calme, où l’on se sent reçu, considéré, écouté. Ici, on entre dans un appartement, pas dans un commerce – et surtout pas sur rue. À Ha(a)ïtza, au Pyla, nous sommes dans un salon de villa basque. On vient d’abord vous chercher à la porte, on vous installe avec attention, on veille à votre confort comme à la maison. Et surtout, on vous parle. Pas de manière automatique, mais avec une vraie curiosité : "Comment allez-vous ?", "Qu’est-ce qui vous ferait du bien aujourd’hui ?". Ces trois gestes – accueillir à la porte, veiller au confort, s’intéresser sincèrement – sont les piliers de mon hospitalité coiffure.

Alexis de Prevoisin

En quoi le parcours dans votre salon est-il unique ?

David Lucas

Chaque parcours est différent, mais tous commencent par l’écoute. Avant les ciseaux, je veux comprendre : qui êtes-vous, quel est votre rythme de vie, vos envies, vos contraintes ? Je pratique beaucoup la coupe sur cheveux secs, pour voir le vrai tombé, la matière. On ne triche pas. J’associe cela à des diagnostics précis, à des soins ciblés, à des produits que nous avons développés — Respect, Monique, Blond — avec des actifs naturels. C’est une démarche holistique, qui mêle technique, soin et sensorialité.

Alexis de Prevoisin

Vous avez eu une approche partenariale très tôt. Racontez-nous… et votre actualité avec Carita !

David Lucas

J’ai toujours avancé à pas mesuré, sans jamais vouloir créer une chaîne. Chaque lieu est unique, pensé pour s’intégrer dans un environnement, une histoire, une atmosphère. Mes partenariats sont toujours choisis avec soin. Au début, j’ai gardé un lien naturel avec René Furterer, comme une continuité de mon apprentissage. Puis j’ai ouvert au Pyla, au sein de l’Hôtel Ha(a)ïtza, un lieu magique pensé par Philippe Starck. À Bordeaux, c’est avec Sarah Lavoine que j’ai imaginé un salon chaleureux et singulier. Aujourd’hui, je suis au Crillon à Paris et j’ai la chance d’être partenaire de la maison Carita. Mes partenariats sont de différents registres : produits, soins, lieux, ou avec des marques qui partagent mes valeurs : la sensibilité, la qualité, l’exigence discrète. Ce sont des partenariats d’image ou de conseil, au service d’une même vision de la beauté : sincère, personnalisée, élégante.

Alexis de Prevoisin

Comment définissez-vous la relation client ?

David Lucas

C’est une relation de confiance, d’intimité même. La coiffure, c’est très personnel. On touche à l’image, au corps, à l’émotion. Et le temps de ce soin, nous avons un rapport très intime : toucher les cheveux. Je reçois des femmes et des hommes qui attendent plus qu’une prestation : ils attendent un moment pour eux, une transformation subtile. Mon rôle, c’est de les écouter, de les rassurer, de les révéler. Et tout commence par un accueil sincère : aller vers l’autre, créer un climat de confort et d’échange. Recevoir, c’est déjà coiffer.

Alexis de Prevoisin

Quelle est votre définition du luxe ?

David Lucas

Le luxe, c’est le temps que j’accorde à chacun. C’est l’attention invisible, et c’est rendre visible l’envie d’être soi. Le silence d’un lieu bien pensé aussi. Un geste précis avec attention. Le luxe, c’est l’intime, ce n’est pas l’ostentation : c’est la justesse. "Vivons heureux, vivons cachés". C’est ce cocon dans lequel on se sent bien, respecté, valorisé. Un luxe simple, qui rassure, pas qui intimide.

Alexis de Prevoisin

Question personnelle, en écho à cette citation de Baudelaire : “Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté” ?

David Lucas

C’est très juste. Dans mon métier, il faut garder une forme de fraîcheur, de curiosité, de jeu. Oser. Être capable de voir chaque cliente comme une première fois. Le génie, ce n’est pas la technique apprise, c’est l’intuition, la sensibilité, la créativité d’enfant. J’essaie de cultiver cette capacité à rêver encore, et cette envie de bien faire : j’ai toujours eu cette facilité à accueillir les choses de manière positive.

En refermant la porte du salon de David Lucas, on se dit qu’on n’est pas simplement passé chez un coiffeur. On a traversé un univers. Un moment suspendu, entre rigueur artisanale et douceur hôtelière. On n’en sort pas seulement coiffé. On en sort aligné — comme après un petit moment de bonheur personnel.

Alexis de Prévoisin — Directeur commercial Patrice Besse, Board Executive et auteur-conférencier de "Retail Émotions" & "Store Impact", chroniqueur Lifestyle luxe pour le Journal depuis la Suisse

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