Franck Dahan, CEO de Joseph Duclos : les clés de la réussite pour relancer une maison historique
Publié le par Journal du Luxe
Dans un paysage du luxe en quête de profondeur et de sens, le modèle de Joseph Duclos intrigue autant qu’il inspire. Invité du 21ᵉ épisode du Podcast du Luxe, Franck Dahan, fondateur et CEO de la maison, revient aux côtés de Lou Dana sur la genèse d’un projet à contre-courant : relancer une institution oubliée du XVIIIᵉ siècle pour en faire un manifeste contemporain du luxe discret.
Ancien financier devenu entrepreneur du patrimoine, Franck Dahan incarne une nouvelle génération de dirigeants du luxe : structurés, exigeants, mais portés par une vision émotionnelle de la marque. Son ambition ? Redonner vie à la première manufacture royale de cuir de France, fondée en 1754, et la repositionner en maison d’excellence artisanale, fidèle à l’esprit du temps.
L’intelligence du retour aux sources
Le projet Joseph Duclos n’est pas une reconstitution muséale. C’est une relecture stratégique d’un patrimoine français. À rebours des logiques de croissance accélérée, la maison s’inscrit dans le temps long : sélection rigoureuse des matières, collaboration avec les Compagnons du Devoir, production limitée, et relation directe avec la clientèle via trunk shows et pop-ups confidentiels à Paris, Tokyo ou New York.
Ce positionnement résonne avec une tendance de fond : celle du quiet luxury, ce luxe silencieux, personnel et durable, qui séduit une clientèle en quête de substance plus que de visibilité. Selon Bain & Company, ce segment devrait représenter jusqu’à 25 % de la croissance du secteur d’ici 2030 dans les marchés occidentaux.
"Le cuir, c’est la mémoire d’un geste, la noblesse d’un métier", explique Franck Dahan à Lou Dana. Une philosophie qui dépasse l’objet pour proposer une expérience émotionnelle et culturelle du luxe.
Un modèle entrepreneurial à haute précision
Derrière la passion, une structure solide. Joseph Duclos s’appuie sur une architecture agile et intégrée : conception interne, ateliers en propre, distribution maîtrisée. Pas de boutique permanente, mais une approche événementielle et relationnelle du commerce, pensée pour entretenir l’exclusivité tout en favorisant l’échange.
Cette stratégie permet à la maison de contrôler ses marges, d’assurer une production qualitative sans compromis, et de fidéliser une clientèle sensible aux récits et à la transparence des produits. Loin de la fast fashion du luxe, Joseph Duclos avance à son rythme, avec une promesse forte : celle de l’intemporalité et de la transmission.
"On ne relance pas une maison historique avec du marketing, mais avec du sens", souligne Franck Dahan, évoquant son refus des artifices et des campagnes creuses.
Un luxe patrimonial, ancré et vivant
Au-delà de l’objet, Joseph Duclos contribue à réactiver un écosystème de savoir-faire en sommeil. Dans un contexte où les métiers d’art sont au cœur de la diplomatie culturelle française, la maison se positionne comme un acteur de la revitalisation industrielle, esthétique et symbolique du luxe hexagonal.
"Faire du luxe aujourd’hui, c’est prendre son temps quand tout va trop vite", observe-t-il, plaidant pour une nouvelle forme d’économie de la rareté : raisonnée, sensible et profondément enracinée.
Une signature française à suivre
Avec sa démarche singulière et une exécution d’une rare cohérence, Joseph Duclos incarne une alternative crédible au luxe statutaire. En cultivant l’héritage sans nostalgie, en investissant dans la qualité plutôt que dans le bruit, Franck Dahan signe un retour aux fondamentaux — mais avec l’intelligence du XXIe siècle.