
Chronique
Alessandro Michele (Valentino), styliste ou philosophe de la Gen Z ?
Publié le par Eric Briones
Son premier livre "La vie des formes", fraîchement traduit en français, confirme ce que l’intuition mode pressentait depuis longtemps : Alessandro Michele est bien plus qu’un créateur.
Il pense le vêtement comme un manifeste philosophique. Un réenchantement du monde par les textures, les franges, l’ambiguïté, la liberté, les formes… et la poésie de l’entre-deux.
Chaque silhouette devient un pont vers d’autres mondes. Une esthétique qui désapprend les normes, réinterroge les genres et rend à la beauté sa fonction première : questionner, libérer, connecter.
Michele dépasse les mots fait penser par le vêtement, en proposant une expérience à porter du contemporain, porteuse d'une narration simultanée en trois temps (hier, aujourd'hui, demain).
La campagne Valentino pour le sac Nellcôte, shootée par Julie Greve, en est la traduction sensible.

Un été flou de festival, des marginaux solaires, du kitsch joyeux, du jean coupé et des t-shirts "Panther Lady"… Le luxe ne crie plus, il murmure à l’oreille de celles et ceux qui se cherchent.
Un sac totem pour une génération lo-fi qui fait de la maladresse un style, de la spontanéité un luxe.
Et cette philosophie infuse doucement l’univers Valentino dans son ensemble, en particulier la beauté, comme le souligne Claudia Marcocci, la présidente de Valentino Beauty, le dit avec force et clarté au Journal du Luxe :
"La beauté est souvent la première porte d’entrée dans le luxe ; elle célèbre la diversité et casse les codes pour mieux valoriser l’individualité".
Une vision qui résonne profondément avec la Gen Z. Et qui, au fond, s’inscrit dans une même ambition : faire du luxe une aventure exceptionnelle et intérieure.
Une ambition intellectuelle comme hélas on voit de moins en moins dans le luxe en 2025.

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