
Chronique
Du RTT au TT, le Remote comme dose de liberté
Publié le par Pierre Kalaijian
Le télétravail n’est pas un luxe que la Gen Z réclame, c’est une preuve de confiance.
La pandémie a bousculé le rapport au travail. Depuis, la Génération Z joue une partition nouvelle : celle qui combine exigence de flexibilité, aspiration à pouvoir, et envie de confiance. Plus qu’un privilège, le télétravail — au moins partiel — devient un critère de sélection. Une entreprise qui n’offre pas ce minimum risque de perdre dans la course aux talents.
Ce que disent les études
- En France, 82 % des Gen Z interrogés dans une étude JobTeaser jugent le télétravail comme important voire indispensable pour leur bien-être professionnel.
- Selon Courrier Cadres (2025), beaucoup de 18-34 ans étaient favorables au 100 % télétravail au début, mais les préférences évoluent : le full remote est moins souvent jugé réaliste ou souhaitable qu’hybride.
- Aux États-Unis, des sondages récents montrent que la Gen Z préfère majoritairement le mode hybride, non pas pour éviter le bureau, mais pour retrouver connexion sociale, visibilité professionnelle et mentorat que le tout-remote ne garantit pas.
Au-delà du télétravail : ce que la Gen Z vend vraiment
Ce que la Gen Z revendique, ce n’est pas seulement de rester à la maison. C’est la liberté de choisir quand et où elle travaille, de résultat plutôt qu’une présence statique. Elle accepte que le travail coïncide parfois avec Netflix ou Snapchat, pas parce qu’elle manque de sérieux, mais parce qu’elle fonctionne différemment : impulsion, distraction, inspiration s’entrecroisent.
Cette génération valorise aussi le calme, les RTT (repos), les jours plus souples. Le jour de télétravail hebdomadaire ou la possibilité d’aménager ses horaires apparaît comme des preuves de confiance. Ne pas proposer cela, c’est envoyer un signal fort : "ici, on n’a pas compris".
Impacts & défis concrets pour les maisons de luxe
- Productivité revisitée : travailler depuis chez soi ne signifie pas relâchement. Des études montrent que le télétravail bien encadré peut maintenir (voire augmenter) efficacité et créativité, surtout chez ceux qui ont autonomie, outils et environnement adaptés.
- Gestion du collectif : le challenge est de conserver le lien, le sentiment d’appartenance, l’apprentissage informel — ceux que les bureaux offrent. Le face-à-face n’est pas superflu, il est souvent ce qui permet d’apprendre "les non-dits" de la création.
- Attentes patronales vs réalité : certaines maisons craignent le manque de supervision. Mais ce que réclame la Gen Z, c’est moins de contrôle visuel que de clarté sur les résultats attendus, feedback régulier et confiance affichée.
À l’école, ce que j’observe
À la Paris School of Luxury, la plupart des étudiants refusent une offre d’emploi qui ne propose pas au moins un jour de télétravail par semaine. Ils comparent : maison A qui impose présence en bureau tous les jours, maison B qui accepte hybride, et souvent c’est la seconde qui les attire, même si le salaire est légèrement inférieur.
Lors des projets créatifs, j’ai vu des équipes se montrer plus engagées quand elles pouvaient travailler une matinée chez elles, en contact informel avec leur environnement personnel, puis revenir en studio pour les ateliers : cela stimule la créativité plus que de rester enfermé dans un bureau plusieurs jours d’affilée.
Par Pierre Kalaijian, Directeur & Cofondateur de la Paris School of Luxury

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