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« Les créateurs de contenus sont l’avenir des marques de mode » Anne-Sophie Da Fonseca, styliste et directrice artistique
Publié le par Pauline Duvieu
Maghla, Maxime Biaggi, Seb... Avec leurs millions d'abonnés sur les réseaux et leur communauté jeune et fidèle, les créateurs de contenus se rapprochent de plus en plus des sphères mode. Une opportunité pour les marques d'accroître leur visibilité et de se lier à de nouveaux visages selon Anne-Sophie Da Fonseca, styliste et directrice artistique qui habille le YouTube Game.
Journal du Luxe
Comment as-tu commencé le stylisme ?
Anne-Sophie Da Fonseca
J’ai fait l’école Modart International dans le 15ème arrondissement où j’ai obtenu une licence en stylisme et modélisme en trois ans. À la suite de mes études, j’ai fait du design pour une marque de streetwear et je me suis très rapidement intéressée au stylisme de clips. Pendant environ cinq ans, j’ai travaillé avec des rappeurs avant de me tourner davantage vers les créateurs de contenus et les YouTubeurs depuis deux ans.
Je ne connaissais pas trop l’univers YouTube mais après une ou deux demandes, les choses se sont faites naturellement. Ils sont en général assez ouverts à la mode. On discute, on fait plusieurs tests et on essaye des silhouettes qu’ils n’avaient jamais tentées. Ça leur permet aussi de gagner en confiance. Depuis ce repositionnement, j’ai pu habiller Maghla, Maxime Biaggi, Seb, Billy [ndlr : RebeuDeter] ou encore Marcus.


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Quel est le rapport des maisons de luxe aux YouTubeurs et créateurs de contenus en termes de mode ?
Anne-Sophie Da Fonseca
Travailler dans ce secteur est beaucoup plus facile que le rap, même si les mentalités évoluent. Il y a encore quelques marques réticentes à habiller les personnalités de YouTube et certaines maisons de mode sont plus sélectives que d’autres car elles découvrent ce milieu. Pour autant, la plupart ont compris les enjeux et l’impact énorme de YouTube et des réseaux sociaux. Je ne collabore pas avec ces secteurs mais il me semble que l'horlogerie et la joaillerie sont plus compliquées à intégrer, probablement en raison d’une fanbase moins ouverte à ce type de partenariat.
Quand on voit que des vidéastes sont capables de remplir un Bercy rapidement et que d’autres battent des records d’audience, avec certains contenus et événements diffusés à la télévision et largement médiatisés dans la presse, avoir l’opportunité de les habiller est une manière de toucher un public large, des jeunes connectés qui pourraient s'intéresser aux maisons. Après un post Instagram d’un créateur vêtu de leurs vêtements, j’ai souvent reçu des mails de marques qui m'ont indiqué que leur MIV [ndlr : l’impact médiatique d’un contenu] avait considérablement augmenté. C’est une belle visibilité.


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Quel est l’avenir de cette relation ? Penses-tu que les créateurs de contenus puissent incarner une marque ?
Anne-Sophie Da Fonseca
Avant, le rôle d’ambassadeur ou d’égérie était réservé aux chanteurs, acteurs et mannequins. Aujourd'hui, les créateurs de contenus sont l’avenir des marques de mode, ceux à suivre en priorité. Sur Instagram et YouTube, ce sont eux qu’on regarde le plus et qui génèrent une véritable communauté fidèle et soudée. On voit d’ailleurs de plus en plus de créateurs au premier rang des défilés. Leur audience est tellement importante qu'il est logique de les mettre en avant. À court et moyen termes, on peut imaginer des collaborations plus importantes entre les créateurs de contenus et les maisons de luxe. Des marques m’ont d’ailleurs déjà demandé de mettre en contact certains YouTubeurs avec leurs agents.

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