Chronique
Le luxe de la maritimité française
Publié le par Alexis de Prévoisin
"La mer est un espace de rigueur et de liberté", écrivait Victor Hugo. Elle est aussi l’horizon qui inspire depuis toujours artistes, voyageurs et maisons de luxe. Symbole d’infini, de mystère et de puissance, elle fascine autant qu’elle impose sa loi. En 2026, la mer cesse d’être un simple décor pour devenir une véritable matrice culturelle et stratégique : celle de la maritimité.
2026 s’annonce comme une année charnière où le luxe et la mer s’unissent dans une nouvelle grammaire esthétique, expérientielle et émotionnelle. La maritimité devient bien plus qu’un mot : un horizon, une valeur et un levier stratégique pour les maisons.
La maritimité se joue comme inspiration de collection. Du bleu profond des cadrans horlogers aux transparences liquides des parfums, les marques s’emparent des codes marins. Non pas comme une simple inspiration décorative, mais comme une écriture identitaire, faite de fluidité, de liberté et d’exploration. Rolex, avec sa présence iconique sur la Rolex Fastnet Race et l’America’s Cup, en a fait une véritable signature. Omega prolonge ce lien avec son Seamaster, incarnation moderne de la performance et de l’élégance marine. Dans la joaillerie, Mikimoto, pionnier de la perle de culture, ou Boucheron, qui puise dans l’univers des vagues et des coraux, traduisent la mer en gemmes et matières précieuses. Richard Mille, avec la Richard Mille Cup 2026 en Écosse, prolonge cet héritage du yachting et fait vivre la tradition maritime dans une lecture contemporaine de l’excellence.
Cette maritimité s’exprime aussi dans l’expérience client. Les maisons réinventent leurs lieux de rencontre comme des ports d’escale : flagships métamorphosés, pop-up stores pensés comme cabines de yacht, événements éphémères posés en bord de mer. Louis Vuitton retrouve ses racines nautiques en réaffirmant son rôle dans la Louis Vuitton Cup, mais aussi en imaginant son paquebot Vuitton en Asie, symbole d’un art du voyage réinventé. Chanel, avec Coco Beach, célèbre l’hédonisme balnéaire, habillant un art de vivre solaire. Et l’hospitality n’est pas en reste, comme en témoigne le Cheval Blanc St-Tropez, où la mer n’est pas un décor mais une matière première du luxe.
La maritimité ne peut cependant se limiter à l’esthétique. Elle doit intégrer une dimension environnementale, tant les océans sont aujourd’hui au cœur des enjeux planétaires. Cartier s’engage ainsi auprès de la Great Blue Wall pour préserver les écosystèmes marins, Panerai déploie avec l’UNESCO des programmes de sensibilisation aux fonds marins, et Stella McCartney ouvre la voie avec ses textiles issus d’algues ou de plastiques recyclés. Le luxe 2026 se veut plus que jamais responsable, alignant désir et conscience.
La mer, enfin, est un imaginaire collectif, socle transformatif du luxe de demain. Elle unit les continents, nourrit le récit des grandes explorations et inspire le désir d’évasion. C’est ce langage universel que les maisons cherchent à conjuguer, de Monaco à Tokyo, de Saint-Tropez à Singapour. Bulgari l’a bien compris en créant son Yacht Club de Dubaï, espace exclusif qui magnifie l’horizon maritime. Les nouvelles générations de clients y voient à la fois l’esthétique du voyage et l’urgence d’une planète préservée.
La maritimité, source d’inspiration du luxe en 2026. Les Peintres officiels de la Marine, véritables gardiens "phare" de cet imaginaire, seront parmi les grands témoins de cette maritimité nouvelle. À travers leurs expositions et galeries, ils rappellent que la mer demeure une source inépuisable de beauté et de récits, et que l’art, au même titre que le luxe, participe à magnifier et transmettre ce lien essentiel entre l’homme et l’océan. Déjà en 2025, l’Assemblée nationale accueillait "Une histoire maritime" à l’Hôtel de Lassay, et le Musée national de la Marine présentait au Trocadéro "Titans des mers", les photographies spectaculaires d’Ewan Lebourdais. En 2026 déjà, plusieurs rendez-vous viendront prolonger ce mouvement : au château de Versailles, là même où fut créée la Royale il y a quatre siècles, une exposition marquera le retour symbolique de la mer dans le patrimoine français ; à Saint-Vaast-la-Hougue, une exposition de Peintres officiels de la Marine mettra en lumière les œuvres de ceux venus peindre la beauté des côtes françaises, notamment à Barfleur, le plus joli port du Cotentin.
2026 s’annonce alors comme l’année où la maritimité s’exprimera pour influer ou inspirer un nouveau luxe : un temps de ressourcement dans les valeurs, de régénérescence par le sens. Non pas un simple effet de mode, mais un tournant culturel. La maritimité devient langage commun entre création, expérience et responsabilité. L’océan n’est plus une frontière : il devient la nouvelle scène du luxe.
Alexis de Prévoisin — Directeur commercial Patrice Besse, Board Executive et auteur-conférencier de "Retail Émotions" & "Store Impact", chroniqueur Lifestyle luxe pour le Journal depuis la Suisse