
Les secrets du Miracle Prada
Publié le par Eric Briones
Au Journal du Luxe, plus que jamais, nous restons fidèles à notre contrat de lecture : être un éclaireur au service de la résilience du luxe.
Nous avons dernièrement illustré cet engagement avec un webinaire inédit en partenariat avec Capgemini Fog consacré aux stratégies pour répondre au péril des dupes.
Dans cette même dynamique d’analyse et d’éclairage, une autre source d’inspiration a marqué la semaine : les résultats de Prada. Alors que le marché du luxe ralentit, la maison italienne crée la surprise. Ses ventes ont progressé de 13 % au premier trimestre 2025. Pourquoi ? Quels sont les leviers qui lui permettent de performer quand d’autres décrochent ?
Voici quatre points clés à retenir du "Miracle Prada" :
1. Une stratégie culturelle assumée
Prada ne se contente pas de faire de la mode. Elle s'inscrit dans un dialogue constant avec l'art, le cinéma, l'architecture. Andrea Guerra, CEO du groupe, parle de "sculpter la culture de la société". Cette posture donne à la marque une épaisseur et une cohérence rares. Le lieu Rong Zhai à Shanghai illustre cette approche : espace d’art, manoir patrimonial et restaurant haut de gamme, c’est un levier de rayonnement global.
2. La stabilité comme avantage concurrentiel
Dans un secteur marqué par les remaniements créatifs, Prada fait figure d'exception. Miuccia Prada est toujours en poste depuis 1989. Pour Guerra, "la stabilité est aujourd’hui un signal très positif". Cette continuité permet à la marque d’allier solidité et audace, dans un moment où beaucoup cherchent encore leur cap.
3. Croitre sans se cannibaliser
Prada vient d’annoncer l’acquisition de Versace pour 1,25 milliard d’euros. Un pari ambitieux dans un marché en tension, qui traduit la volonté du groupe de créer de nouveaux vecteurs de croissance. Mais cette expansion ne se fait pas au détriment de l’existant.
La stratégie est claire : chaque marque du portefeuille doit conserver son ADN et son public. "Nous cultivons constamment la marque par la marque et, à l’intérieur de la marque, leurs segments de consommateurs par leurs segments de sous-consommateurs", explique Andrea Guerra. Il insiste : "nous ne pensons pas à des marques croisées, à des chevauchements ou à quoi que ce soit de ce genre. Ce ne sera jamais le cas."
C’est une obsession stratégique : éviter à tout prix que Miu Miu empiète sur Prada et demain, que Versace ne brouille la lisibilité du groupe. Ce découplage méthodique permet de préserver la clarté des propositions de valeur et de maximiser la performance de chaque entité.
4. Beauté : un nouvel axe de désirabilité
Sous la direction de Yann Andrea, Prada Beauty s’affirme comme une force montante. Esthétique forte, discours laser, singularité sensible : cette ligne devient un point d’entrée vers l’univers Prada, particulièrement efficace auprès des nouvelles générations.
En résumé, Prada mise sur la vision, la constance, le respect des territoires de marque et la culture pour faire face à l’instabilité. Une stratégie à suivre de près.
