Luxe : un marché à 2 700 milliards d’euros en 2035 malgré une décennie de turbulences

Le nouveau rapport de Bain & Company avec Altagamma confirme la résilience du luxe mondial en 2025, avec des dépenses stables à 1 440 milliards d’euros. Pour autant, des transformations profondes pourraient traverser le secteur au cours de la prochaine décennie.

Les clients du luxe davantage intéressés par les expériences que les biens

Finalement, l’année 2025 n’aura pas été si mauvaise. D’après la dernière étude Bain & Company, le luxe mondial devrait atteindre 1 440 milliards d’euros en 2025, un niveau comparable à 2024 malgré un contexte économique et géopolitique complexe. Mais cette stabilité masque des changements structurels importants : les clients se tournent davantage vers des expériences haut de gamme - voyages, bien-être, gastronomie - au détriment des achats de produits. Ce basculement majeur ralentit les biens personnels de luxe, attendus à 358 milliards d’euros cette année.

Le rapport souligne également une certaine polarisation du marché du luxe : d’un côté, les ultra-riches continuent d’acheter normalement des produits exclusifs et haut de gamme, soutenant ainsi les ventes les plus prestigieuses. De l’autre, les consommateurs "aspirationnels", réduisent leurs dépenses, freinés par le contexte économique et par une moindre envie de consommation ostentatoire. Cette évolution profite aux segments accessibles du luxe (mode et accessoires), qui gagnent en part de marché, et aux canaux valorisant le rapport qualité-prix, comme les outlets ou la revente.

À cela s’ajoute une géographie du luxe qui se recompose. Longtemps moteur de la croissance, la Chine ralentit, tout comme le Japon ou l’Europe, où le tourisme souffre de la force de l’euro et d’un climat géopolitique incertain. À l’inverse, les États-Unis se stabilisent, l’Amérique latine s’affirme, et surtout, le Moyen-Orient brille. Portées par l’essor touristique et une clientèle locale en pleine expansion, des destinations comme Dubaï ou Abu Dhabi s’imposent comme des hubs mondiaux. Parallèlement, une nouvelle vague de marchés - l’Asie du Sud-Est, l’Inde, l’Afrique - gagne en puissance. Ensemble, ils représentent déjà 45 milliards d’euros, soit autant que la Chine continentale.

Vers un luxe réinventé d'ici 2035

Malgré de nombreux défis, la croissance du secteur à long terme reste prometteuse. Bain & Company prévoit une progression annuelle de 4 à 6 % pour les biens personnels de luxe, qui pourraient atteindre 525 à 625 milliards d’euros en 2035, tandis que le marché global du luxe grimperait entre 2 200 et 2 700 milliards d’euros.