
Champagne : la filière revoit à la baisse son rendement pour affronter les incertitudes du marché
Publié le par Anaïs Clavell
Face à un environnement économique et géopolitique instable, les acteurs du champagne revoient à la baisse leur rendement commercialisable pour 2025, à 9000 kilos par hectare. Une réponse stratégique pour éviter la baisse des prix.
Le rendement commercialisable ajusté à la demande
Réunis à Épernay, les vignerons et maisons de champagne ont annoncé via un communiqué fixer à 9 000 kilos par hectare le rendement commercialisable pour les vendanges 2025, contre 10 000 kilos en 2024 et 11 400 en 2023. Une décision stratégique destinée à ajuster l’offre à la réalité du marché, préserver la valeur du produit et éviter ainsi une pression à la baisse sur les prix.
"Si la vigne offre de belles promesses, l’environnement économique mondial, lui, reste marqué par des incertitudes. L’instabilité géopolitique et économique, conjuguée à des comportements de consommation de plus en plus volatils, rend les prévisions plus complexes", analyse le Comité Champagne.
Une décision en accord avec les chiffres d’expédition de champagne publiés début 2025. Après une chute de 8,2 % en 2023, les expéditions de champagne ont encore reculé de 9,2 % en 2024 à 271,4 millions de bouteilles. "L’heure n’est pas à la fête, entre inflation, conflits dans le monde, incertitudes économiques et attentisme politique dans certains des plus grands marchés du Champagne, comme la France ou les États-Unis", expliquait alors Maxime Toubart, co-président du Comité Champagne.
Malgré cette baisse de rendement, la filière se veut rassurante sur le plan viticole. Le climat favorable a permis un bon développement des vignes, avec peu de risques sanitaires. Le rendement global est estimé à 10 000 kilos par hectare, une partie devra donc être mise en réserve pour anticiper de futures années plus difficiles.
Ces vendanges, attendues entre le 20 et le 25 août, interviennent dans un climat tendu après le procès dit des "vendanges de la honte", qui a vu la condamnation de prestataires pour exploitation de travailleurs sans-papiers. Face à ce scandale, les autorités régionales annoncent un renforcement du contrôle et de la structuration du recrutement, avec 120 000 saisonniers attendus cette année.
