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« L’IA doit être un levier, jamais un substitut à l’humain » Nicolas Bertrand, MediaSchool

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Face à la révolution de l’intelligence artificielle, MediaSchool trace une voie où technologie et humanité avancent de concert.
Dans cet entretien exclusif accordé au Journal du Luxe, Nicolas Bertrand, dirigeant du groupe, dévoile sa vision : former des professionnels capables de comprendre et de maîtriser l’IA sans renoncer à l’essence même de l’éducation – la transmission, le sens critique et l’émotion. À travers Paris School of Luxury et ses projets innovants, comme les "Idéathon IA" menés avec The Kooples ou LVMH, MediaSchool entend préparer les talents du luxe de demain à conjuguer créativité, innovation et responsabilité.

Journal du Luxe

Votre groupe est engagé dans une transformation majeure autour de l’intelligence artificielle. Comment définissez-vous l’esprit MediaSchool dans ce contexte où l’IA change nos métiers et nos pratiques ?

Nicolas Bertrand

L’esprit MediaSchool, c’est d’abord une conviction : l’IA ne doit pas déshumaniser nos formations, mais au contraire en révéler le sens.

Depuis sa création, MediaSchool s’est donné pour mission de rendre l’éducation accessible, professionnalisante et résolument tournée vers le réel. Aujourd’hui, nous faisons face à une évolution technologique sans précédent. L’IA transforme les usages dans tous les secteurs, y compris celui du Luxe, où l’humain, l’émotion et la créativité sont centraux.

Notre réponse à cette mutation est claire : former tous nos étudiants, sans exception, à comprendre, maîtriser et questionner les outils d’IA, non pas pour en faire des techniciens, mais des professionnels éclairés. Nous avons d’ailleurs nommé une Chargée de mission IA : Stéphanie Chapelle, qui aura une démarche transversale, au niveau de l’ensemble des écoles et des entités du groupe pour structurer cette transformation, avec une feuille de route exigeante et éthique.

L’esprit MediaSchool, c’est cette capacité à accompagner le changement, sans renoncer à notre ADN : l’humain en priorité.

Journal du Luxe

En tant que dirigeant, quelle est votre vision pour que l’éducation reste centrée sur l’humain, tout en intégrant l'IA ?

Nicolas Bertrand

Je suis convaincu que l’intelligence artificielle ne remplacera pas ce qui rend l’éducation précieuse : la transmission, la relation à l’autre et le sens critique. Mais elle impose de réinventer notre pédagogie, nos postures, nos réflexes.

L’IA peut nous faire gagner en efficacité, en précision, en personnalisation. Mais elle ne doit jamais nous faire perdre le regard critique, le lien et le sens. C’est pourquoi nous formons nos étudiants à travailler avec l’IA, pas à leur place.

Cette exigence s’étend à nos équipes. Nous lançons dès cette rentrée un plan de formation interne pour nos collaborateurs et constituons un réseau de référents IA dans chaque école. Notre objectif est que chacun, quel que soit son métier ou sa discipline, puisse intégrer l’IA comme un levier – sans jamais renoncer à la dimension profondément humain

Journal du Luxe

Le luxe et la beauté reposent sur l’émotion et l’expérience. Comment pensez-vous que l’intelligence artificielle peut enrichir ces univers sans en altérer la sensibilité ?

Prénom Nicolas Bertrand

Le luxe est d’une rare exigence ; celle d’allier l’innovation à la tradition et à l’excellence pour créer une émotion et une expérience uniques.

Dans ce contexte, l’IA, bien maniée, peut accompagner la réflexion et les réalisations. Je pense par exemple à l’hyperpersonnalisation de l’expérience client, à la création d’environnements immersifs, ou encore aux outils prédictifs pour imaginer des tendances émergentes. Les futurs professionnels que nous formons doivent faire dialoguer sensibilité et data, innovation et tradition. C’est ce que nous cherchons à transmettre dans nos écoles spécialisées, comme Paris School of Luxury : une culture de l’innovation au service du sensible.

Journal du Luxe

Paris School of Luxury a déjà initié des projets autour de l’IA, notamment via ses "Idéathon" avec The Kooples et LVMH; récompensé par un prix Influencia 2024. Quel rôle doit jouer une école comme la vôtre pour former les futurs talents du luxe, capables de conjuguer créativité et technologie ?

Nicolas Bertrand

Le rôle d’une école comme Paris School of Luxury, c’est d’apprendre aux étudiants à avoir un temps d’avance. Le monde du luxe évolue vite, porté par de nouveaux usages, de nouvelles générations et de nouvelles attentes.

Dans ce contexte, l’IA, en tant que miroir de notre société, est un outil, un terrain d’expérimentation extraordinairement puissant. Avec nos "Idéathon IA" menés aux côtés de nos partenaires The Kooples et Microsoft ou avec LVMH, nous avons voulu créer pour nos étudiants des situations pédagogiques réelles en les confrontant à des problématiques business concrètes et réelles auxquelles ils doivent répondre, en utilisant l’IA, toujours à bon escient.

Le prix Influencia 2024 des écoles des métiers de la communication est venu récompenser cette approche : former des profils hybrides, qui savent innover sans dénaturer, oser sans transiger sur le sens. C’est cette ligne que nous continuerons à suivre pour préparer les futurs talents du luxe, sans perdre la créativité de ces profils.

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