Pourquoi LVMH mise sur Soshi Otsuki, gagnant du Prix LVMH 2025 pour les Jeunes Créateurs de Mode ?
Publié le par Pauline Duvieu
Comme Marine Serre, Nensi Dojaka et Thebe Magugu, il vient de remporter le prix LVMH 2025 pour les Jeunes Créateurs de Mode. Soshi Otsuki est le grand lauréat de cette distinction, gage d'un coup de projecteur dans l'industrie du luxe et d'une aide exceptionnelle assurée par le groupe de Bernard Arnault.
Soshi Otsuki : réinventer les costumes
La 12ème édition des Prix LVMH, sous la présidence de la PDG de Christian Dior Couture Delphine Arnault, s'est achevée le 3 septembre dernier à la Fondation Louis Vuitton. Comme chaque année, le jury était composé des plus grandes élites de la couture : Jonathan Anderson, Sarah Burton, Nicolas Ghesquière, Marc Jacobs, Stella McCartney, Nigo, Phoebe Philo, Silvia Venturini Fendi et Pharrell Williams, ainsi que de Delphine Arnault, Jean-Paul Claverie, Sidney Toledano et l'actrice Bollywoodienne Deepika Padukone (à titre exceptionnel).

Après des semaines de suspens, le Prix LVMH 2025 pour les Jeunes Créateurs de Mode a été attribué au styliste japonais Soshi Otsuki, qui avait déjà tenté de remporter cette distinction en 2016. Le lauréat se voit octroyer une dotation de 400 000 euros ainsi qu'un mentorat d’une durée d’un an au sein du groupe LVMH, lui permettant de s'approprier une grande variété de domaines d’expertise.
Âgé de 35 ans, ce diplômé du Bunka Fashion College de Tokyo et de l’école privée Coconogacco est le fondateur de la maison de prêt-à-porter Soshiotsuki. Soshi Otsuki puise son inspiration dans l’esthétique des costumes masculins du Japon des années 1980, notamment ceux portés par les "salarymen" pendant la Bubble Economy. Admirateur de Giorgio Armani et d'Hedi Slimane, il réinterprète les costumes italiens classiques avec une touche japonaise sophistiquée : matières vaporeuses, pantalons extra larges, épaules volumineuses et détails inattendus comme des doubles ceintures, des cravates fines ou des vestes raccourcies. Ses pièces, loin de la tendance Loud Luxury, sont reconnaissables par leurs lignes architecturales et leurs teintes sobres. LVMH semble avoir été conquis par ce style de tailleurs presque intemporel (pour femmes et hommes), témoin d'une époque business réinterprétée par Soshi Otsuki.
Steve O Smith (Prix Karl Lagerfeld) et Torishéju Dumi (Prix des Savoir-Faire)
La cérémonie a aussi récompensé Steve O Smith du Prix Karl Lagerfeld (200 000 euros de dotation et un mentorat d'un an dans la firme LVMH). Le créateur britannique de 33 ans, fondateur de sa marque éponyme, est diplômé d'un Master of Arts au sein de l’école Central Saint Martins. Dessinateur hors pair, il transpose ses esquisses en vêtements, jouant sur un contraste entre le noir et le blanc et des effets de transparence.

Enfin, le Prix des Savoir-Faire (200 000 euros de dotation, un an de mentorat) a été décerné à Torishéju Dumi, créatrice britannique originaire du Brésil et du Nigéria de 32 ans, à la tête de son propre label sobrement baptisé Torishéju. Elle aussi diplômée du MA Fashion de la Central Saint Martins, la designer ayant travaillé avec Phoebe Philo chez Céline et Ann Demeulemeester mise sur un style dramatique, narratif et avant-gardiste, avec des lignes assumées et des jeux de matières. Elle a d'ailleurs habillé Kendall Jenner au Met Gala 2025 et Zendaya lors de la promotion du film Dune.

"Chacun des trois lauréats bénéficiera d’un mentorat personnalisé ainsi que d’une dotation financière attribuée par la plateforme Nona Source - qui valorise et réemploie les stocks dormants de matières issues des Maisons de Mode et de Maroquinerie du Groupe - d’un montant de 20 000 euros pour le Prix LVMH, et de 10 000 euros pour les Prix Karl Lagerfeld et des Savoir-Faire" a précisé LVMH dans un communiqué.

Moins connus, les Prix LVMH des Jeunes Diplômés d'Ecole de Mode ont récompensé Louna Clozel, diplômée de La Cambre (Bruxelles) ; Sophia Sacchetti, diplômée de Parsons Paris ; et Peiwen Mao, diplômée de la Royal Academy of Fine Arts Antwerp (Anvers). Elles reçoivent, ainsi que leur école, une dotation de 10 000 euros et vont intégrer respectivement pendant un an les studios de Louis Vuitton Homme, Kenzo et Dior femme.