Chronique

LVMH : Le luxe résilient doit maintenant devenir transformatif

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"LVMH a fait preuve de solidité dans le contexte actuel", déclarait Bernard Arnault ce jeudi, en commentant les résultats du premier semestre 2025 :

- 9 % pour la Mode & Maroquinerie
- 22 % de bénéfice net

Interrogé par Le Figaro sur la fameuse "luxe fatigue", Bernard Arnault a balayé l’idée d’un revers : les journalistes qui s’y intéressent devraient, selon lui, retourner sur les bancs de l’école. Ils n'ont pas creusé... Mais peut-on vraiment balayer ce malaise d’un revers d’interview ?

J’ai consacré un livre à la résilience du luxe. Et j’y crois encore. Mais cette résilience n’est ni magique ni immuable. Elle repose sur un équilibre subtil entre désir et attention, rareté et respect, croissance et qualité, équilibre aujourd’hui ébranlé.

La crise d'un contrat de confiance

Ce que les chiffres ne veulent pas dire, c’est la fatigue d’un modèle.
Un modèle où la croissance prime sur la substance.
Où la désirabilité supplante le service.
Où même les HNWI se sentent réduits à des cibles CRM.
Un modèle qui se tait, aussi, face à la multiplication quotidienne de crises dans la chaîne de valeur, chez les sous-traitants.
Des scandales répétés qui interrogent non seulement l’éthique du luxe, mais sa valeur économique.

L'obsession aveuglante de la désirabilité

À force d’être obsédé par la désirabilité, on oublie la résonance.
La désirabilité, c’est la capacité à séduire de l’extérieur.
La résonance, c’est la capacité à toucher de l’intérieur.
Et le luxe, au lieu de cultiver cette résonance, a choisi l’hyper-présence.
Un luxe devenu culturellement de masse, aveuglés par les algorithmes.
En cédant aux logiques du contenu permanent, il a oublié qu’un silence, parfois, vaut plus qu’une campagne.

De la crise de l'attention à l'ère de la saturation

Nous avons dépassé la crise de l’attention. Nous sommes entrés dans une ère de la saturation. Et le client du luxe commence, lui aussi, à saturer.
Ce n’est pas la désirabilité qui recule, c’est le sens qu’on lui donne.

Pour être résilient, le luxe doit devenir transformatif

Et c’est là que le basculement commence : le luxe résilient doit devenir luxe transformatif.
Le luxe transformatif n’est pas un supplément d’âme.
C’est une ambition concrète : améliorer la vie du client.
Pas par effet de halo, mais par impact direct.
Un luxe qui régénère le corps (santé, longévité, vitalité),
Apaise l’esprit (esthétique, santé mentale, refuge culturel),
Renforce le lien (communauté, expérientiel, attention sincère).
Un luxe qui ne flatte pas pour séduire, mais qui élève pour durer.
Un luxe qui ne parle pas à tous, mais qui touche chacun.

LVMH a écrit la grammaire de la désirabilité. Il peut désormais ouvrir une nouvelle langue : celle du sens, de l’intimité, du soin.

Non pour suivre une tendance, mais pour réaffirmer une vocation. Oui, tout change. Et cette fois, cela ne doit pas être pour que rien ne change.

Hâte de reprendre, à la rentrée, le fil de cette épopée de la résilience, désormais véritable boussole du luxe contemporain.
Bonnes vacances à tous.

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