Moët Hennessy devrait supprimer 10% de ses effectifs

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Après la tension généralisée du secteur face aux droits de douane américains, une nouvelle crise touche la filiale spécialisée du groupe LVMH, Moët Hennessy. La branche de la division Vins et Spiritueux de la firme de luxe a annoncé une suppression de 1.200 postes qui n'a pas manqué de faire réagir les équipes et les syndicats.

Revenir au niveau d'effectif de 2019

Alors que le département Vins et Spiritueux de LVMH a fait face à une chute des ventes de -8% à 1,3 milliard d'euros au premier trimestre de l'année 2025, sa filiale phare Moët Hennessy a annoncé supprimer 1.200 postes sur les 9.400 que compte le département. Cette baisse d'effectif représente donc environ 10% de la masse salariale de la division qui regroupe des marques renommées comme Moët & Chandon, Krug, Veuve Clicquot, Hennessy ou encore Château d’Yquem. 

L'annonce a été faite à travers une vidéo envoyée mercredi 30 avril aux équipes. Intitulée "Regardez Pensez Demain #2. Nos dirigeants partages leur vision stratégique pour Moët Hennessy", elle s'articule autour d'une interview de Jean-Jacques Guiony, PDG de Moët Hennessyet d'Alexandre Arnault, directeur adjoint. Pendant une vingtaine de minutes, les deux dirigeants y dévoilent la nouvelle stratégie du groupe.

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©Krug

Cette suppression devrait s'opérer via le non remplacement des départs et le turn-over naturel, sans recours à un plan social. L'objectif ? Revenir progressivement au niveau d'effectif de 2019. La branche de LVMH n'a pas communiqué sur la nature des postes concernés, ni les sites touchés, ni la période de cette transition.

Après les inquiétudes liées au marché américain, la surprise des suppressions de postes

"Je crains qu'on ait les premières conséquences de la déstabilisation commerciale venue des États-Unis et que ce ne soit que le début d'une longue série" a déclaré sur BFMTV Yves Jégo, ancien ministre et directeur de la publication de La Lettre du Made in France, à propos de ce phénomène de restrictions salariales. Ce dernier fait notamment référence à la politique de Donald Trump et de sa menace de taxer les alcools européens à hauteur de 200%, avant de revenir sur son annonce et de mettre en pause les taxes douanières pendant trois mois. 

L'annonce de Moët & Chandon n'a pas manqué de faire réagir les équipes de la filiale, notamment les syndicats. Interrogé par "ici Champagne-Ardenne", Alexandre Rigaud, délégué CGT de Moët & Chandon, a dénoncé une "communication très, très maladroite et déconnectée". "Quand on fait des ruptures, ce ne sont pas des licenciements, mais bon, ce sont quand même des emplois en moins" a-t-il déclaré, s'inquiétant sur l'avenir des "métiers d'art" et sur la "pression au travail" et "sur les résultats" que pourrait générer cette réduction d'effectif.

Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de l'intersyndical CGT du champagne, a quant à lui expliqué sur France 3 Régions : "Cette annonce traduit les difficultés du champagne. On a atteint le mont Everest en 2022/2023. 2024 est quand même la 3ème meilleure année de la champagne. Aujourd'hui, ce n'est pas non plus l'effondrement. On a quand même affaire à un patronat qui a resserré les boulons. [...] On ne peut pas dire que ça va mal dans le champagne. Il y a effectivement une chute des volumes, mais il faut rappeler qu'il y a une augmentation du prix moyen de vente de 40%"

Une réunion le 20 et 21 mai prochains à Vendôme pourrait permettre aux organisations syndicales et aux salariés d'éclaircir la situation et d'échanger avec le groupe sur les éventuelles solutions envisageables. Une autre rencontre pourrait avoir lieu en juin/juillet.

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